Chien obèse ou en surpoids : que faire ?

Écrit par Elisa LEROUX . Mis à jour le 21 novembre 2025 .
Temps de lecture : 9 min

L’obésité touche aujourd’hui au moins 20% des chiens domestiques en France. Un chiffre en constante augmentation qui inquiète les vétérinaires, car cette surcharge pondérale impacte directement la santé, la qualité de vie et l’espérance de vie de nos compagnons.

Comment savoir si son chien est concerné ? Que faire pour l’aider à retrouver un poids de forme ? On fait le point.

Qu’est-ce que l’obésité chez le chien ?

On considère qu’un chien est en surpoids lorsque son poids dépasse de 10 à 15% son poids idéal. Au-delà de 15 à 20%, il entre dans la catégorie de l’obésité. Le poids de forme est défini selon la race du chien, le sexe et la morphologie du chien, et se stabilise généralement à la fin de sa croissance, vers l’âge d’un an.

Comment savoir si mon chien pèse trop lourd ?

Pour évaluer l’état pondéral de votre chien, la balance ne suffit pas toujours. Une pesée régulière, tous les un à deux mois, reste utile pour suivre l’évolution de son poids, mais c’est surtout l’observation de son corps et de son comportement qui permet de détecter un excès de poids.

Physiquement, plusieurs signes doivent vous alerter. Si vous ne sentez plus ses côtes en le palpant légèrement, si sa taille s’efface ou que son abdomen devient droit, sans cette ligne ascendante caractéristique allant des côtes aux hanches, cela peut indiquer un surpoids. La présence de bourrelets graisseux, notamment à la base de la queue, est un autre indicateur courant.

Mais le surpoids n’affecte pas seulement le corps : il peut aussi peser sur le moral de votre chien. Une perte d’enthousiasme pour les jeux ou les promenades, un comportement plus apathique, une tendance à dormir davantage ou un manque d’entrain général peuvent également signaler un mal-être lié au poids. La surcharge pondérale rend les mouvements plus pénibles, ce qui peut provoquer frustration, fatigue, voire une forme de déprime chez certains chiens.

Tous ces signes sont des alertes à ne pas négliger. Ils indiquent que l’état de santé global de votre animal se détériore — à la fois sur le plan physique et psychologique — et qu’il est grand temps d’agir pour lui offrir une meilleure qualité de vie.

Quelle est l’origine de la prise de poids chez le chien ?

L’obésité ne se résume pas à « trop manger » : elle résulte d’un ensemble de facteurs qui interagissent, allant des erreurs alimentaires aux prédispositions physiologiques ou génétiques.

Un apporte énergétique trop élevé

La cause la plus fréquente du surpoids chez le chien est un apport calorique supérieur à ses besoins réels. Beaucoup de maîtres surestiment les besoins de leur animal, pensant bien faire en le nourrissant abondamment. Or, un chien dépense très peu pour ses déplacements quotidiens — à peine 10% de ce qu’il consomme en énergie.

L’accès illimité aux croquettes, les friandises distribuées sans compter, ou encore les restes de table, riches en graisses et en sel, sont autant d’éléments qui peuvent déséquilibrer son régime alimentaire. De plus, les portions doivent toujours être adaptées à la taille, l’âge et le niveau d’activité de l’animal, ce qui est souvent négligé.

Un besoin en énergie moindre

Certains chiens brûlent naturellement moins de calories. C’est notamment le cas des chiens stérilisés, dont le métabolisme ralentit. Après une stérilisation, les besoins énergétiques peuvent chuter de 30%, ce qui augmente considérablement le risque d'empâtement si l’alimentation n’est pas ajustée en conséquence.

Certaines races présentent également une prédisposition génétique à l’embonpoint. C’est le cas du labrador retriever, du beagle ou encore du cocker anglais. Ces chiens doivent faire l’objet d’une vigilance accrue dès leur jeune âge.

Enfin, les chiens à poils longs ont souvent un métabolisme légèrement différent. Leur pelage dense les isole du froid, ce qui réduit la dépense énergétique nécessaire pour maintenir leur température corporelle, surtout en hiver. Cette particularité peut contribuer à une prise de poids progressive.

Les maladies

L’origine du surpoids peut aussi être pathologique. Certaines maladies ralentissent le métabolisme ou réduisent l’activité physique, contribuant indirectement à prendre du poids.

Maladies hormonales

Les troubles hormonaux figurent parmi les causes les plus fréquentes de prise de poids pathologique chez le chien. L’hypothyroïdie, par exemple, est une affection où la glande thyroïde ne produit pas suffisamment d’hormones, entraînant un ralentissement du métabolisme. Les chiens deviennent alors plus apathiques, leur digestion est ralentie, leur température corporelle diminue, et leur masse graisseuse augmente, même sans changement dans leur régime alimentaire.

Autre maladie hormonale fréquente : le syndrome de Cushing (ou hyperadrénocorticisme). Ce trouble est causé par une production excessive de cortisol, l’hormone du stress. Il se manifeste souvent par une accumulation de gras localisé au niveau de l’abdomen (ventre gonflé), une fonte musculaire, une perte de poils, une grande soif et une fatigue persistante. Le chien conserve un appétit important, ce qui complique davantage la gestion du poids.

Ces déséquilibres hormonaux nécessitent un diagnostic précis et un suivi vétérinaire adapté. Un simple régime alimentaire ne suffit pas dans ces cas-là.

Autres pathologies

D'autres maladies peuvent indirectement favoriser la prise de poids en limitant la mobilité ou l’énergie du chien. Les douleurs articulaires, dues à l’arthrose ou à l’arthrite, sont très fréquentes chez les chiens âgés ou en surpoids. Ces douleurs rendent les déplacements difficiles, voire douloureux, et réduisent l’activité physique. Le chien bouge moins, son métabolisme ralentit, il grossit, ce qui alourdit encore les articulations : c’est un véritable cercle vicieux.

Les pathologies cardiovasculaires jouent également un rôle important. Lorsque le cœur est affaibli, l’effort devient pénible. Le chien peut présenter des essoufflements, une fatigue chronique, voire des épisodes de toux. Cette baisse d’endurance contribue à l’inactivité, et donc à l’empâtement.

Le foie, de son côté, peut aussi souffrir du surpoids. Un excès de graisse dans le corps favorise l’apparition d’une stéatose hépatique (maladie du foie gras), qui altère les fonctions métaboliques de l’organe, en aggravant encore l’obésité.

L’ensemble de ces maladies montre à quel point l’obésité canine ne doit pas être prise à la légère. Elle est souvent à la fois une cause et une conséquence de troubles plus profonds, qui nécessitent une attention médicale et un suivi rigoureux

Les conséquences du surpoids chez les chiens

Les conséquences de l’obésité sont multiples et graves. En moyenne, un chien obèse vit deux ans de moins qu’un chien en bonne santé. Son espérance de vie est réduite, sa qualité de vie également.

Le surpoids affecte d’abord l’appareil locomoteur. Le chien devient moins mobile, souffre d’articulations douloureuses, développe des boiteries. Son système respiratoire peut aussi être impacté : l’essoufflement devient fréquent, même au repos. Sur le plan cardio-vasculaire, le cœur est plus sollicité, augmentant les risques d’insuffisance cardiaque.

Le diabète de type 2 est aussi une conséquence directe du surpoids, tout comme certaines maladies du foie. En cas d’intervention chirurgie, le risque anesthésique est plus élevé, et la cicatrisation plus lente. Chez les femelles, l’obésité peut compliquer la gestation et l’accouchement.

Au-delà des maladies, c’est le bien-être global du chien qui est menacé : il joue moins, interagit moins et peut même montrer des signes de dépression.

Comment aider mon chien à perdre du poids ?

La bonne nouvelle, c’est qu’il est tout à fait possible de faire perdre des kilos à un chien avec de la patience, une alimentation adaptée et une activité régulière. Le tout, toujours sous le contrôle d’un vétérinaire.

Une alimentation conforme à ses besoins

La première étape consiste à reprendre la main sur ce que mange le chien. Les quantités doivent être précises, pesées avec une balance de cuisine. Les repas doivent être donnés à heures fixes, deux à trois fois par jour, pour éviter les pics de faim.

Il est important de choisir des aliments allégés, riches en fibres et en protéines maigres, mais pauvres en graisses. Ces aliments permettent au chien de se sentir rassasié plus longtemps. Les friandises ne sont pas interdites, mais doivent être comptabilisées dans la ration journalière et choisies avec soin.

Enfin, enrichir le moment du repas avec des jouets distributeurs permet de ralentir l’ingestion et d’occuper l’animal mentalement, tout en limitant la frustration.

La mobilité au service de sa santé

L’activité physique est indispensable pour favoriser la perte de poids et entretenir les muscles. Toutefois, elle doit être progressive et adaptée à votre chien.

De simples promenades quotidiennes, même courtes, sont déjà très bénéfiques. L’essentiel est la régularité. Mieux vaut bouger un peu chaque jour que de faire une longue sortie hebdomadaire qui risquerait de blesser un chien en surpoids. La natation est particulièrement indiquée : elle permet de faire travailler l’ensemble du corps sans impacter les articulations, et offre un bon moyen de récupération pour les chiens souffrant d’arthrose.

Prise en charge des soins vétérinaires par l’assurance animaux

Face aux complications liées à l’obésité, les soins vétérinaires peuvent devenir coûteux. Une assurance santé animale ou une mutuelle peut alors alléger la facture.

Assurance santé animale

Les assurances pour animaux couvrent en général les soins liés aux pathologies courantes chez les chiens obèses : arthrose, diabète, troubles digestifs ou cardiaques. Certaines formules incluent même des consultations diététiques et des programmes personnalisés de perte de poids.

Néanmoins, ces prestations ne sont souvent accessibles que si le chien n’est pas déjà atteint de la pathologie au moment de la souscription. Il est donc conseillé de ne pas attendre l’apparition des premiers signes avant de protéger son animal.

Mutuelles

Certaines mutuelles chien vont plus loin en remboursant partiellement ou totalement des démarches de prévention : bilans réguliers, contrôles nutritionnels, suivi de poids. Ces dispositifs permettent une prise en charge globale, dans une logique de santé durable.

FAQ

Quand un chien est-il considéré comme en obésité ?

Un chien est considéré comme obèse lorsque son poids dépasse de plus de 15 à 20 % sa référence. Ce diagnostic repose sur la courbe de croissance, la morphologie de la race, mais aussi sur l’examen visuel et tactile du corps de l’animal.

Pourquoi les chiens grossissent-ils soudainement ?

Cela peut être liée à un changement alimentaire (plus de nourriture ou d’aliments plus riches), à une baisse d’activité physique, ou à des changements hormonaux, comme ceux liés à la stérilisation. Cela peut aussi être le symptôme d’une maladie sous-jacente : un bilan vétérinaire est alors nécessaire.

Comment rassasier un chien qui a toujours faim ?

Pour éviter la frustration, il faut opter pour des aliments riches en fibres, qui procurent une sensation de satiété plus durable. Fractionner les repas dans la journée, utiliser des gamelles ludiques ou des distributeurs interactifs peut aussi aider. Enfin, l’ennui ou le stress peuvent pousser certains chiens à réclamer davantage : il faut donc veiller à bien stimuler leur environnement.