L'hépatite chez le chien

Écrit par Virginie D. . Mis à jour le 26 juin 2025 .
Temps de lecture : 7 min

Votre compagnon à quatre pattes manque d'entrain, dédaigne sa pâtée ou s'abreuve sans mesure ? Méfiez-vous, son foie lance peut-être un appel au secours. L'hépatite, cette inflammation insidieuse, revêt plusieurs visages : parfois fulgurante comme celle de Rubarth qui ravage les chenils, parfois sournoise, sapant lentement les forces de votre animal. Les jeunes chiots sans couverture vaccinale s'avèrent particulièrement vulnérables, mais certaines lignées adultes n'échappent pas au fléau. Décryptage.

Qu'est-ce que l'hépatite canine ?

L'hépatite est une inflammation du foie. Vital, cet organe joue un rôle clé dans le métabolisme, la digestion et la détoxification. Divisé en lobes, il se situe le long du diaphragme. La vésicule biliaire y est rattachée.

L'hépatite canine se présente sous 2 formes. D'un côté, l'hépatite aiguë d'apparition soudaine. De l'autre, l'hépatite chronique. Elle évolue sur plusieurs mois ou années et peut conduire à la cirrhose.

L'hépatite de Rubarth, causée par l'adénovirus canin de type 1, représente la forme virale la plus connue. Très contagieuse, elle est spécifique aux canidés (chien, renard, loup). La maladie touche principalement les jeunes chiots non vaccinés.

Quelles sont les causes d'une hépatite ?

Côté viral, l'adénovirus type 1 provoque la redoutable hépatite de Rubarth. Le virus de Carré n'épargne pas non plus le foie de nos compagnons.

Dans le registre bactérien, la leptospirose s'invite par le biais d'urine de rats infectés qui contamine l'environnement de votre animal.

Plus étonnant, certains chiens développent des troubles auto-immuns où leurs propres défenses se retournent contre leur foie.

Le Bedlington Terrier et quelques autres races portent dans leurs gènes une fâcheuse tendance à stocker excessivement le cuivre. Le métal s'accumule alors dans les cellules hépatiques jusqu'à les endommager.

Attention aux traitements médicamenteux au long cours. Les anti-inflammatoires, antiépileptiques, comme le phénobarbital ou certains antibiotiques, peuvent malmener cet organe vital.

N'oublions pas les dangers environnementaux : pesticides du jardin, produits d'entretien ou certaines plantes ornementales constituent autant de poisons potentiels pour le foie canin.

Dans de nombreux cas d'hépatite chronique, la cause reste indéterminée (hépatite idiopathique).

Les symptômes de l'hépatite canine

Le foie du chien, comme celui des humains, possède une grande capacité de réserve. Par conséquent, les symptômes n'apparaissent souvent que lorsqu'il est déjà bien atteint.

Les premiers signes de l'hépatite du chien incluent fatigue, faiblesse, perte d'appétit, soif excessive, mictions fréquentes, vomissements et diarrhée.

Vous pouvez en constater d'autres à mesure que la maladie progresse.

• Jaunisse (muqueuses et blanc des yeux jaunâtres).
• Douleur abdominale.
• Gonflement du ventre (ascite).
• Troubles de la coagulation (saignements, ecchymoses).

Dans le cas de l'hépatite de Rubarth, un œdème cornéen (« œil bleu »), une inflammation des amygdales, des troubles neurologiques (désorientation, convulsions) s’observent parfois.

Comment diagnostiquer l'hépatite chez le chien ?

Le vétérinaire commence par l'examen clinique, puis analyse le sang. Les enzymes hépatiques (ALT, AST, PAL) qui s'emballent révèlent un foie en détresse. La bilirubine excessive teinte les tissus de jaune. L'albumine qui s'effondre indique un foie qui flanche. Les facteurs de coagulation en berne exposent l'animal aux hémorragies.

L'échographie perce les mystères de l'abdomen canin. Elle dévoile soit une microhépatie, soit une hépatomégalie, soit des nodules, soit une texture anormale.

La biopsie hépatique reste l'examen de référence pour le diagnostic définitif. Les prélèvements peuvent être réalisés par voie percutanée guidée par échographie ou lors d'une laparoscopie.

Pour l'hépatite de Rubarth, des tests PCR sont utilisés afin d’identifier le virus dans les échantillons prélévés.

Les traitements de l'hépatite canine

Pour l'hépatite virale de Rubarth, aucun traitement spécifique n'existe. L'approche est symptomatique : fluidothérapie, médicaments anti-vomitifs, antidiarrhéiques et parfois antibiotiques afin de prévenir les surinfections.

En cas d'hépatite chronique liée au cuivre :

• Des chélateurs comme la D-pénicillamine (10-15 mg/kg 2 fois par jour).
• Une alimentation pauvre en cuivre (moins de 5 mg/kg de matière sèche).
• Des compléments de zinc (50 mg 2 fois par jour). Ils limitent l'absorption intestinale du cuivre.

Pour les hépatites auto-immunes ou idiopathiques :

• Prednisolone pour réduire l'inflammation.
• Parfois d'autres immunosuppresseurs (azathioprine, cyclosporine).

Dans toutes les formes d'hépatite, un soutien hépatique est essentiel :

• S-adénosylméthionine (SAMe) : 20 mg/kg par jour.
• Acide ursodésoxycholique : 10-15 mg/kg par jour.
• Vitamine E : 10 UI/kg par jour.

Une alimentation adaptée, généralement modérée en protéines, mais de haute qualité digestible, est fondamentale pour soulager le travail hépatique.

Le traitement d'une hépatite chronique dure souvent plusieurs mois, avec un suivi en vue d’ajuster les médicaments.

Hépatite canine : les complications possibles

L'insuffisance hépatique survient lorsque le foie ne peut plus assumer ses fonctions. Elle risque d’entraîner une encéphalopathie hépatique (troubles neurologiques) et des déséquilibres métaboliques sévères.

La cirrhose représente le stade terminal de nombreuses hépatites chroniques. Le tissu hépatique fonctionnel est progressivement remplacé par du tissu fibreux. L'hypertension portale provoque :

• Une ascite (accumulation de liquide dans l'abdomen).
• Des shunts portosystémiques acquis.
• Des saignements digestifs potentiellement fatals.

Pour l'hépatite de Rubarth, le taux de mortalité peut atteindre 100 % chez les très jeunes chiots et 10-30 % chez les adultes1.

Quels sont les moyens de prévention des hépatites chez le chien ?

Rien ne vaut la vaccination pour bien protéger votre chien contre la maladie de Rubarth. Le programme démarre vers 7-8 semaines avec 2-3 piqûres espacées de 3-4 semaines. Un rappel vient renforcer cette protection au bout d'un an, puis tous les 1 à 3 ans selon les besoins de votre compagnon.

Adoptez une alimentation équilibrée et de qualité. Elle doit être adaptée à l'âge, la race, mais aussi au niveau d'activité de votre chien. Un régime contrôlé peut être recommandé aux races prédisposées aux problèmes de cuivre.

Éloignez les substances toxiques de votre chien, dont les médicaments, produits ménagers, pesticides et plantes dangereuses.

Misez sur des traitements antiparasitaires réguliers et des visites vétérinaires préventives, surtout pour les races de chien à risque.

Quand consulter un vétérinaire pour l'hépatite canine ?

Consultez rapidement votre vétérinaire si vous observez l’un ou plusieurs de ces symptômes :

• Une fatigue persistante.
• Une perte d'appétit de plus de 24-48 heures.
• Des vomissements répétés.
• Une augmentation notable de la consommation d'eau.
• Une coloration jaunâtre des muqueuses ou du blanc des yeux.
• Un gonflement abdominal.

Quelle prise en charge par l’assurance animaux ?

Traiter une hépatite peut coûter cher. Heureusement, une bonne assurance animaux prend en charge les consultations, analyses et examens d'imagerie. Selon votre formule de mutuelle chien, les médicaments, voire une hospitalisation, sont remboursés. À la clé, une belle réduction sur la facture totale des soins.

Avant de souscrire, vérifiez les délais de carence, les exclusions concernant les maladies du chien préexistantes ou héréditaires. N’oubliez pas de vous informer sur les plafonds annuels de remboursement et le pourcentage de prise en charge des frais vétérinaires.

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Questions fréquentes sur l'hépatite canine

Les chiens peuvent-ils transmettre l’hépatite aux humains ou à d'autres animaux ?

L'hépatite de Rubarth est contagieuse entre les chiens. Elle peut affecter d'autres canidés (renards, loups). Toutefois, la maladie n'est pas transmissible aux humains ni aux autres espèces, à l'image des chats. Un chien guéri peut excréter le virus dans ses urines pendant plusieurs semaines après sa guérison, restant contagieux sans présenter de symptômes. Les autres formes d'hépatite (auto-immune, toxique, médicamenteuse) ne sont pas transmissibles.

Les chiens peuvent-ils se remettre complètement d’une inflammation du foie ?

L'hépatite de Rubarth peut être fatale dans 10 à 30 % des cas chez les chiens adultes et jusqu'à 100 % dans sa forme suraiguë chez les chiots. Pour les inflammations chroniques, une guérison complète s'avère difficile une fois la fibrose installée. Néanmoins, un traitement adapté peut permettre de contrôler la maladie plusieurs années.

Y a-t-il des races de chiens prédisposées ?

Le Bedlington Terrier est sensible à l'accumulation de cuivre dans le foie. Le Labrador Retriever, le Doberman Pinscher (surtout les femelles), le Cocker Spaniel (particulièrement les mâles), le Dalmatien, le West Highland White Terrier et le Skye Terrier sont aussi plus à risque de développer des hépatites chroniques. Pour ces races, des contrôles hépatiques réguliers sont recommandés, même en l'absence de symptômes apparents.