Traitement des allergies : comment être bien remboursé ?

Écrit par Fabienne CORNILLON . Mis à jour le 24 juin 2025 .
Temps de lecture : 8 min

Le printemps arrive et apporte avec lui son lot d'allergies. Nez qui gratte, yeux qui pleurent, démangeaisons, voire problèmes respiratoires ? Comme 20 millions de Français, vous êtes, vous aussi, allergique ! Des traitements existent pour vous aider et vous permettre d'apprécier le printemps normalement. Découvrez ici les différentes modalités de remboursement de la Sécurité sociale et de votre mutuelle dans le cadre de votre traitement allergique.

Allergies, de quoi parle-t-on ?

L’allergie correspond aux symptômes engendrés par l’exposition d’une personne à une substance allergène. Elle résulte d’un dérèglement du système immunitaire, lui-même responsable d’une perte de tolérance envers une substance a priori non dangereuse. Une fois sensibilisé à un allergène, un même ensemble de symptômes se développe à chaque exposition.

En France, plus d’un quart de la population souffrirait d’une allergie, un chiffre ne cessant d’augmenter depuis plusieurs décennies. Cette croissance s’expliquerait par des facteurs environnementaux, notamment :

• Le développement de la pollution atmosphérique, induit par l’urbanisation et la désertification des zones rurales.
• Le réchauffement climatique, entraînant un allongement de la période de pollinisation.

À la naissance, chaque individu est plus ou moins prédisposé à développer des allergies via son « terrain atopique ». D’un point de vue médical, il correspond à la faculté du système immunitaire à fabriquer des anticorps spécifiques, les immunoglobulines E (IgE). Lors du contact avec l’allergène, les cellules transportant les IgE favorisent la libération de l’histamine. Une réaction inflammatoire se produit rapidement, le plus souvent en moins de 2 heures, régulièrement en quelques minutes seulement. C’est ce qu’on appelle l’allergie « immédiate ».

Quels sont les principaux types d’allergènes ?

Les allergènes peuvent être classés en plusieurs grandes catégories. La réaction immunitaire induite par certains d’entre eux nécessite une consultation rapide chez un médecin allergologue.

Les allergies aériennes, notamment causées par :

• Les acariens.
• Les poils d’animaux domestiques ou l’urine des rongeurs.
• Les pollens des arbres, des graminées ou de l’herbe.
• Les moisissures.
• Les protéines dispersées par le latex.

Les allergies aux venins :

• Piqûre de guêpes, d’abeilles, de frelons ou de bourdons.
• Morsure de serpent.
• Plus rarement, piqûre de scorpion ou morsure d’araignée.

Les allergies alimentaires, pouvant disparaître ou non avec l’âge :

• Chez l’enfant : le gluten, l’œuf, les arachides, le lait de vache et les fruits à coque.
• Chez l’adulte : les mollusques, les crustacés, les poissons, certains fruits (pomme, abricot, fraise) et certains légumes (céleri, épinard, carotte).

Les allergies médicamenteuses :

• Médicaments utilisés dans le cadre d’une anesthésie.
• Anti-inflammatoires non stéroïdiens.

Quels sont les symptômes de l’allergie ?

La réaction allergique développée en cas de contact avec un allergène est propre à chaque patient. Les symptômes d’une allergie peuvent être :

• Cutanés : dermatite atopique, urticaire, eczéma.
• Oculaires : développement d’une conjonctivite par exemple.
• Respiratoires : difficultés respiratoires, asthme, rhinite.
• Gastriques : vomissements, diarrhée.
• Œdémateux : gonflement localisé sur le visage, le plus souvent sur les lèvres ou sur les paupières. L’œdème de Quincke correspond au gonflement des muqueuses de la gorge. S’il s’accompagne de difficultés respiratoires, malaises ou symptômes digestifs, il doit être pris en charge en urgence.

Plus rarement, les symptômes causés par une réaction allergique sont généralisés. Ils entraînent chez le patient une anaphylaxie ou un choc anaphylactique. Un traitement médical d’urgence est requis.

Le remboursement par la Sécurité sociale

L’allergologue porte le titre de médecin. L’ensemble de ces examens et traitements peut donc faire l’objet d’un remboursement par la Sécurité sociale et votre mutuelle.

Le remboursement d’une consultation chez l’allergologue

En passant par votre médecin traitant, vous êtes remboursé à hauteur de 70 % du tarif de Base de remboursement de la Sécurité sociale (BRSS). Attention, en dehors du parcours de soins coordonnés, le taux de prise en charge chute à 30 %.

En 2025, la consultation d'un allergologue secteur 1 est fixée à 31,50 €, remboursée à 20,05 € (après déduction de la participation forfaitaire de 2 €). Pour un secteur 2, malgré des honoraires libres pouvant atteindre 100 €, le remboursement reste identique. Les médecins OPTAM pratiquent des dépassements maîtrisés, avec la même prise en charge de base.

La base de remboursement est fixée en fonction de chaque acte médical prodigué par le médecin.

Acte médical	Base de remboursement	Pourcentage de remboursement
Consultation	31,50 €	70 %
Test allergologique	28,80 €	70 %
Endoscopie de la cavité nasale et du rhinopharynx	31,40 €	70 %
Épreuve fonctionnelle respiratoire effectuée en cabine	76,80 €	70 %

Le remboursement des médicaments prescrits par l’allergologue

Lors de la consultation, votre allergologue sera peut-être amené à vous prescrire des médicaments. Les modalités de prise en charge diffèrent fortement en fonction de leur nature.

• 100 % pour les médicaments définis comme irremplaçables.
• 65 % pour les médicaments ayant un service médical rendu (SMR) important.
• 30 % pour les médicaments ayant un SMR modéré.
• 15 % pour les médicaments ayant un SMR faible.

Parfois prescrits par les médecins allergologues, les médicaments homéopathiques ne font désormais plus l’objet d’une prise en charge par l’Assurance Maladie. Vous pouvez néanmoins solliciter un remboursement sur les classes de médicaments suivants :

• Les corticoïdes et/ou les antihistaminiques.
• Les traitements d’immunothérapie spécifiques.

Le remboursement par votre mutuelle

Disposer d’une bonne mutuelle est essentiel si vous souhaitez profiter de bons remboursements chez l’allergologue et sur les dépenses non couvertes par l’Assurance Maladie. À savoir :

• Le ticket modérateur lors d’une consultation chez un médecin conventionné au secteur 1.
• Les dépassements d’honoraires chez les allergologues de secteur 2.
• Le ticket modérateur lors de l’achat des médicaments.

Le remboursement par la mutuelle peut prendre 2 formes.

Dans le premier cas, il est calculé en fonction du tarif de convention de la Sécurité sociale.

Dans le second cas, la prise en charge correspond à un forfait annuel à dépenser dans le cadre de soins médicaux spécifiques. Cette solution est très utile afin d’obtenir un remboursement sur les médicaments non pris en charge par l’Assurance Maladie.

La désensibilisation : traitement de fond et remboursement

Contrairement aux antihistaminiques qui soulagent temporairement, la désensibilisation modifie la réponse immunitaire du patient de façon durable. Déclinée en 3 méthodes, elle l'expose à des doses croissantes d'allergène sur 3 à 5 ans.

• Injections sous-cutanées (en cabinet médical).
• Comprimés sublinguaux (prise quotidienne).
• Gouttes sublinguales (solution liquide quotidienne).

En général, les résultats apparaissent après 6 à 12 mois.

Les tarifs et remboursements sont les suivants :

• Gouttes sublinguales : environ 50 € pour 6 mois, remboursées à 30 %.
• Comprimés sublinguaux : environ 60 € par mois, remboursés à 30 %.
• Injections sous-cutanées : environ 25 € par mois, non remboursées depuis 2025.

Cas particulier : les allergies alimentaires et le sans gluten

Pour les personnes souffrant d'intolérance au gluten diagnostiquée, un dispositif spécifique existe depuis 2015. Le remboursement mensuel ne peut pas excéder 33,54 € pour les enfants de moins de 10 ans et 45,73 € pour les autres. Il concerne uniquement les produits avec vignette LPPR. Une demande mensuelle avec justificatifs et vignettes d'emballages est nécessaire, après validation d'un protocole de soins par le médecin-conseil.

Questions fréquentes sur le remboursement des traitements pour les allergies

Quels sont les critères de remboursement pour la désensibilisation ?

La désensibilisation est prise en charge sous conditions.

• Prescription par un allergologue (jamais en automédication).
• Diagnostic confirmé par tests cutanés ou sanguins.
• Allergènes officiellement reconnus par l'Assurance Maladie (principalement respiratoires et venins).
• Respect du protocole médical avec suivi régulier.
• Bilans d'efficacité périodiques pour les renouvellements.

Le taux de prise en charge est fixé à 30 % du tarif conventionné pour les formes sublinguales (gouttes et comprimés). Tout ou partie du reste à charge peut être remboursé par votre mutuelle en fonction de votre contrat.

Comment se passe la désensibilisation ?

La désensibilisation commence doucement. Les doses d'allergène augmentent petit à petit jusqu'à atteindre le bon niveau. Pour les piqûres sous la peau, les rendez-vous sont hebdomadaires au début, puis s'espacent progressivement, toujours avec un médecin présent. Pour les gouttes ou comprimés sous la langue, le médecin supervise uniquement la première prise, ensuite le traitement continue tous les jours à la maison. Les consultations de suivi ont lieu tous les 3 à 6 mois. Le traitement dure généralement entre 3 et 5 ans, sans interruption.

Quelles différences de remboursement existent entre la Sécurité sociale et les mutuelles ?

L'Assurance Maladie applique des taux fixes et réglementés. Ils sont de 30 % pour la désensibilisation et de 70 % pour les consultations, seulement sur les tarifs conventionnés. Les remboursements des mutuelles varient suivant le contrat souscrit. Certains prennent en charge la totalité des dépassements d'honoraires des spécialistes, dont l'allergologue fait partie. D'autres offrent des forfaits annuels, pour les médicaments non remboursés.

Y a-t-il des limites de remboursement pour certains traitements ?

Des plafonds existent pour la plupart des traitements allergiques. L'Assurance Maladie limite sa prise en charge à 30 % pour les formes sublinguales de désensibilisation. Elle a complètement déremboursé les injections sous-cutanées depuis 2025. En général, les complémentaires santé imposent des plafonds annuels pour leurs forfaits (médecines douces, médicaments non remboursés). Pour les consultations chez des allergologues de secteur 2, les contrats responsables plafonnent la prise en charge des dépassements à 100 % du tarif conventionné.