Exiger une lettre de motivation à son locataire : une pratique illégale, mais pourtant répandue

Écrit par La rédaction Meilleurtaux . Mis à jour le 22 octobre 2024 .
Temps de lecture : 3 min

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Publié le mardi 22 octobre 2024 07:09 par la Rédaction Meilleurtaux

Ces dernières années, la difficulté d’accéder à un logement locatif s’est intensifiée en France. Entre la rareté des biens disponibles et la multiplication des critères imposés par les propriétaires, les candidats à la location doivent souvent surmonter de nombreux obstacles pour obtenir un logement. Parmi ces obstacles, une nouvelle pratique suscite des interrogations : la demande d’une lettre de motivation pour accompagner les dossiers de candidature.

Une pratique en pleine expansion malgré son caractère illégal

Alors qu’elle était autrefois réservée aux candidatures d’emploi, la lettre de motivation est devenue un outil supplémentaire pour les propriétaires cherchant à filtrer les locataires. L’apparition de cette exigence, notamment à Paris, reflète la volonté des bailleurs de mieux connaître les profils des candidats, au-delà des critères financiers habituels.

ImportantPourtant, le décret n° 2015-1437 issu de la loi ALUR encadre strictement les documents qu’un propriétaire peut demander lors d’une location, et la lettre de motivation n’en fait pas partie.

Certains propriétaires ignorent cette réglementation, d’autres en sont informés, mais considèrent la lettre comme un moyen de sécuriser davantage leur choix. En effet, ces derniers estiment que cette démarche leur permet d’évaluer non seulement le sérieux du locataire, mais également son niveau de langage ou son profil social, introduisant ainsi des biais subjectifs dans le mode de sélection.

Une source de pression pour les candidats

Face à cette tendance, les locataires se retrouvent souvent contraints de fournir une lettre de motivation, pensant à tort qu’il s’agit d’une exigence légale, au même titre qu’un contrat d’assurance habitation.

Certains candidats, parfois jeunes et récemment entrés sur le marché du travail, intègrent systématiquement ce document dans leur dossier, sans se poser de questions sur sa légitimité. Pour eux, la lettre est considérée comme un passage obligé dans un contexte de plus en plus concurrentiel.

Cependant, cette pratique peut être perçue comme un facteur supplémentaire de discrimination. En effet, la lettre de motivation permet aux propriétaires de faire des jugements basés sur des critères non objectifs, tels que l’orthographe, le style de rédaction ou même des aspects personnels des candidats.

Cela peut parfois renforcer les inégalités entre les postulants, au détriment de ceux dont le dossier financier est solide, mais qui ne remplissent pas ces critères subjectifs.

Un phénomène qui pourrait s’étendre à d’autres villes

Bien que cette tendance soit pour l’instant majoritairement observée à Paris, elle pourrait bientôt s’étendre à d’autres villes en tension comme Lyon ou Bordeaux.

La pression sur le marché locatif dans ces métropoles pousse de plus en plus de propriétaires à adopter des pratiques similaires, avec pour conséquence un durcissement des conditions d’accès au logement pour les locataires.